L’église de Ferrensac, dédiée à saint Étienne, premier martyr chrétien, est entièrement remaniée au XIXe siècle.

L’entrée de l’église se fait par le clocher particulièrement imposant couronné d’un toit pentu abritant deux cloches. La première sert exclusivement à annoncer le catéchisme. La seconde est fondue en 1729 et parrainée par le comte de Gironde, ancien propriétaire du château de Lamothe.

L’édifice s’organise autour d’une nef divisée en quatre travées. Il se compose d’un vaisseau central bordé de deux couloirs qui desservent des chapelles latérales. Celles-ci reçoivent depuis plusieurs siècles les sépultures des riches familles du village, comme les comtes de Gironde.

Suite à la fusion de Ferrensac avec Saint-Martin-Transfort en 1825, la paroisse s’agrandit considérablement. L’église Saint-Étienne, seule à garder la cure, doit alors s’adapter.

Tous les voûtements de la nef et des collatéraux sont ainsi aménagés en 1880. La chapelle Saint-Étienne est démolie et remplacée par une chapelle dédiée à saint Joseph. Son ancien autel de marbre noir et blanc de style Renaissance y est transféré. Le chœur de l’église est occupé par un autel de bois, acheté en 1860 à l’église de Castillonnès.

Le "tabernacle, bois polychrome et doré du 17e s." est inscrit au titre des monuments historiques.

Ci-après un fait divers peu banal :

Arrêté de l’Administration du département du Lot et Garonne, relatif aux Troubles suscités par le Fanatisme dans la Commune de Ferrensac, district de Lauzun. Séance du 13 Floréal An III

Le 21 février 1795, la Convention autorisa à nouveau la liberté du culte public ; mais uniquement dans les édifices que les prêtres et les fidèles devraient trouver par leurs propres moyens, les églises restant Biens Nationaux susceptibles d’être vendus. Mais si la bourgeoisie dirigeante imprégnée d’une politique anticléricale fort intolérante, ce n’était pas le souhait des populations rurales, où, les femmes surtout avaient souvent mal pris les persécutions contre les curés de village généralement estimés et souffraient de l’absence de messe et de sacrements en particulier lors des baptêmes et des funérailles. La Terreur ayant cessé, le mécontentement paysan se manifestera avec plus de force. Les troubles de Ferrensac en sont un témoignage. Le 26 avril 1795 une cinquantaine de femmes, s’assemblèrent dans le bourg de Ferrensac dans le but de s’emparer de l’église transformée en Temple de la Raison. Elles disaient vouloir un curé et envisageaient de s’emparer de la maison presbytérale et du bien-fonds qui en dépendait, bien que ce lopin de terre eût été déjà vendu au profit de la République. La porte de l’église s’étant trouvée ouverte, les manifestantes y pénétrèrent en masse, et se mirent à sonner les cloches, poursuivant ce signal d’alarme tout l’après-midi. S’enhardissant dans leur colère, elles se rendirent chez Mr Réservat, chez qui on avait placé l’autel de l’église, vendu quelques jours auparavant avec tout le mobilier, comme bien national, à un particulier. Elles enfoncèrent donc la porte de la maison, saisirent l’autel de vive force et allèrent le replacer à sa place habituelle, avec l’aide de quelques hommes. Ayant appris que le Maire s’était rendu à Saint-Dizier pour affaires particulières, ces enragées l’y rejoignirent. Elles le trouvent en compagnie d’un de ses conseillers, les prenant par le collet, les ramènent à Ferrensac pour être témoins de la prise de possession de l’église et de tout ce qui appartenait au curé Beton, déporté comme prêtre réfractaire. Contraints et forcés, le Maire et son Officier Municipal se rendirent le soir à Ferrensac. Les manifestantes étant rentrées chez elles, après leur victoire apparente, ils dressèrent un procès-verbal qu’ils adressèrent au Directoire du District de Lauzun, ajoutant à leur rapport d’après les renseignements recueillis, un semblable rassemblement se préparait pour la semaine suivante sur la commune de St-Martin-Transfort. Le District requiert immédiatement la gendarmerie de Castillonnès pour sortir l’autel de l’église et invita la Municipalité de Castillonnes à se tenir prête pour prêter main-forte au cas où d’autres rassemblements se multiplieraient. On n’osa pas prendre de sanctions, on rappellera aux habitants de Ferrensac que les décrets de la Convention du 3 Ventôse permettraient et maintenaient la liberté religieuse. Mais l’administration d’Agen craignant que d’autres rassemblements séditieux se multiplient confirmait les mesures prises par Lauzun, mais condamnait aussi les faiblesses de la municipalité de Ferrensac rappelée à ses devoirs et applaudissait à la prévoyance du procureur de la Commune de Martin qui avait prévenu l’administration. Cet arrêté sous forme d’affiche sera placardé à Castillonnès et à Ferrensac. Des incidents analogues eurent lieu dans le pays à Rives, Mazières et Monsempron. A la fin du mois de mai, la Convention restituait les églises aux fidèles.